CAPTER LES PUISSANCES FOLLES
De l’instrumentalisation des folies individuelles et collectives aujourd’hui.
Solo coopératif de Julien Daillère
Équipe de création en cours de constitution.
Première : 2026.
En cours de production.
Caractéristiques visées :
60 min • 10 ans et plus • jauge selon configuration.
Adaptable en petite forme, autonome en lieu non dédié.
Transport : train depuis Clermont-Ferrand (ou voiture).
1 ou 2 personnes en tournée.
>>> dossier préparatoire disponible ici.
Pré-Note d’intention :
Au sujet de sa mise en scène de Dionysus in ‘69 , une réécriture des Bacchantes d’Euripide avec The Performance Group (TGP), Richard Schechner raconte la manière dont public fidèle et interprètes perdirent pied au fil des représentations de ce théâtre participatif, semi-improvisé, avec une dimension rituelle :
“De nombreux spectateurs pensaient que TGP était une communauté, voire une communauté religieuse. Le public refusait d’envisager Dionysus in ‘69 comme “une simple pièce”. […] Rétrospectivement, je sais pourtant que c’était souvent le résultat d’une projection du public qui était en quête d’une communauté et qui en trouvait une parmi nous.”
Pour les ramener à la réalité de ce qu’était le TGP, pour stopper ce qui apparaît comme un élan de folie, il fut décidé de faire intervenir des thérapeutes professionnels.
Ce qui me marqua le plus, à la lecture de ce témoignage, n’est pas tant l’illustration du potentiel manipulatoire offert par un dispositif brouillant les frontières entre réel et fiction, que l’existence concrète d’un choix quant au déploiement et à l’exercice ou non de ce pouvoir-là.
Ce que décrit Richard Schechner, c’est l’expérience d’une captation réussie des désirs d’appartenance, des envies de faire communauté jusqu’à la folie, à l’image des « élans complotistes ». Et le renoncement quant à la possibilité d’exploiter de ce pouvoir-là.
Quand je regarde les images de l’attaque du Capitole par des partisans de Donald Trump,
Quand j’écoute les récits haineux de ceux qui se revendiquent “incels” sur leurs blogs,
Quand j’apprends qu’un attentat-suicide a eu lieu au Pakistan,
Quand je vois des gens se marcher dessus pour acheter le même Smartphone,
Quand je lis qu’un gourou a transformé les adeptes de sa communauté spirituelle en esclaves sexuels,
Quand je constate tous les efforts d’argumentation déployés par des groupes d’internautes pour prouver que la Terre est plate ou que des reptiliens sont au pouvoir,
Alors j’ai le sentiment qu’il y a une forme de folie dans ces événements-là, que cette folie engage au-delà de soi, au-delà de la peur de perdre ou de mourir, au-delà du ridicule, au-delà de ses capacités physiques, au-delà de l’intelligence, au-delà des valeurs, au-delà des goûts, etc.
Et qu’elle constitue une puissance immense pour les individus et les groupes qui savent la mobiliser… ou simplement l’accueillir et l’encourager.
Qu’est-ce qui pourrait enrayer ce type d’engrenage ? Comment rendre visible son instrumentalisation, voire provoquer la déprise ?
Mais à quel moment ce que je considère comme folie ou complotisme renvoie plus à mon point de vue et à la norme par rapport à laquelle je me situe ? De quels désirs d’appartenance suis-je moi-même prisonnier ?
Voilà le questionnement que j’aimerais mettre au travail dans ce prochain spectacle.
Julien Daillère
…spectacle en cours de production…
…spectacle en cours de production…